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16 décembre 2021

Conformité à la Constitution du cumul des poursuites pénales et URSSAF pour l’infraction de travail dissimulé, attention Deliveroo !

Saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité (« QPC »), le Conseil constitutionnel s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du cumul des sanctions prévues par le Code du travail et le Code de la Sécurité sociale en cas d’infraction de travail dissimulé.

Les faits : Dans le cadre d’un litige concernant le travail dissimulé imputé à la société Deliveroo, le Conseil constitutionnel était interrogé sur le point suivant : puisqu’en droit français un employeur ne peut pas être poursuivi et sanctionné deux fois pour des mêmes faits, ces deux sanctions peuvent-elles s’appliquer cumulativement au même employeur au titre de la même infraction ?

Le contexte en droit français :  Il découle de l’article 8 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen un principe dit « non bis in idem » selon lequel on ne peut pas sanctionner la même personne deux fois pour les mêmes faits -, qui s’applique aussi bien en matière civile que pénale.

La législation litigieuse : Dans le cas de l’infraction de travail dissimulé, la législation est la suivante :

Ainsi, pour un même fait – le travail dissimulé – deux séries de sanctions peuvent se cumuler.

Cette situation pouvait donc légitimement donner lieu à questionnement sur la conformité de la législation au principe non bis in idem.

Décision : Le Conseil constitutionnel considère que ces deux types de sanctions ne sont pas de même nature. Il argue du fait que la sanction prévue par le Code de la sécurité sociale revêt le caractère d’une punition, là où le Code du travail prévoit, outre une peine d’amende, une peine de dissolution et les autres peines précédemment mentionnées.

Cette solution peut être discutée, dans la mesure où ces deux sanctions ont tout de même en commun de présenter avant tout un caractère financier.

Toujours est-il que le Conseil en déduit que le cumul des sanctions prévues par le Code du travail et le Code de la sécurité sociale encouru lorsqu’une personne morale est reconnue coupable de travail dissimulé ne méconnaît pas le principe non bis in idem, et n’est donc pas inconstitutionnel.

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Question prioritaire de constitutionnalité n°2021-937 du 7 octobre 2021